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ARTISTS / SERGE D'URACH: biography

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Serge d'Urach was born in 1955 in Geneva. Watercolorist and etcher, he lives and works in Venice.
His works can be found in many private collections in Italy, England, France, Switzerland and in the United States.

Né à Genève en 1955, Serge d’Urach vit et travaille à Venise. Après avoir étudié les langues orientales, le chinois, l’arabe, l’arménien, dont l’influence se traduit par un language graphique atypique, et la philosophie. Il commence l’apprentissage de la gravure lors de sa présence à l’Institut Suisse de Rome.Il perfectionne les techniques chalcographiques, en particulier du burin auprès de Jean- Pierre Velly.
Danse vertigineuse entre icône et idéogramme, l’œuvre de Serge d’Urach mêle manuscrits et calligraphies anciennes à une mythologie propre, emprunte au monde animal marin.
La cohabitation de l’opacité du signe et de l’évidence du symbole invite subtilement le regard à la lecture, à la relecture du manuscrit.
Serge d’Urach fut membre de l’Institut Suisse de Rome.

Ses œuvres son présentes au sein de nombreuses collections privées en Italie, aux Etats-Unis, en Angleterre, en France et en Suisse.


SERGE D'URACH
2007 "SERGE D'URACH, recent works", Geneva
2005 "Obra sobre Papeles Procedentes " church San Juan Nepomuceno, real sitio de la granja de San Ildefonso, Segovia, Spain.
2004 Swiss Embassy, Paris with the Galleria del Leone
2003 Galleria del Leone, Venice
2000 Salon de Mars, Geneva
1999  Works on Paper, New York
1997 Milan Arte Fiera, Galleria del Leone
Chicago Art Fair, Galerie Bugel Meyer
Galleria del Leone
O.G.C. Michelle Broutta, Paris
1996 Galerie Calart, Geneva
Padova Arte Fiera, Galleria del Leone
1995 Maison de l’Union des Architectes
Galleria del Leone, Venice
1994 Galerie de la Tour de Diesse, Neuchâtel, Switzerland
Dal Fantastico al Visionario
, Zitelle, Venice
1993 Galerie Calart, Geneva
1992 Swiss Embassy, Beijing, China
1991 Galleria San Giorgio, Venice-Mestre
1988 Workshop Vecchio Torchio, Venice
Galleria l’Occhio
1987 Swiss Institute, Rome
1985 ARCO, Madrid
Workshop Vecchio Torchio, Venice
1984 Laguada Gallery, Granada, Spain
1983 Galerie d’Oeuf de Beaubourg, Paris
1982 Gerster Gallery, Reutlingen
Workshop Vecchio Torchio, Venice
1981 Galerie Interart, Genève
 
TEXTS BY LUCIEN D'AZAY AND ALEXIS PHILONENKO (in French)  

Il est une nouvelle de Borges intitulée La letra del dios, et qui figure, je crois, dans El Aleph, où un prisonnier condamné à l'obscurité dans une cellule que divise une cloison munie, au ras du sol, d'une fenêtre à barreaux, n'accède à la lumière qu'une fois par jour, lorsqu'une trappe s'ouvre dans la voûte, d'où on lui jette de quoi survivre. Ces quelques secondes de lumière quotidiennes ne lui permettent guère que d'entrevoir, à travers la fenêtre, un jaguar qui va et vient dans l'autre compartiment de la cellule. Au fil des ans, pour s'occuper, le prisonnier essaie de se rappeler tout ce qu'il sait afin de rentrer en possession de l'unique bien que rien ni personne ne pourra lui soustraire;  jusqu'au jour où un souvenir d'une essence plus précieuse lui parvient, qui est une des traditions du dieu: celui-ci, prévoyant quantité de désastres à la fin des temps, aurait écrit dès le premier jour de la Création une sentence magique capable de conjurer tous les maux de la terre. Il récrivit de telle sorte qu'elle parvînt aux générations les plus éloignées et qu'elle ne fût point sujette au Hasard. Personne ne savait où ni au moyen de quels caractères le dieu avait écrit sa sentence, mais il devait forcément s'agir d'une forme antique, incorruptible et éternelle, un symbole sans âge qui eût non seulement comblé tous les langages, mais absolument dominé toutes les civilisations. Il ne pouvait s'agir en tout cas d'une montagne, d'un fleuve, d'un empire ni d'une constellation, car au cours des siècles les montagnes sont nivelées par l'érosion, les fleuves changent de cours et de lit, les empires sont bouleversés et les figures formées par les astres varient — ce sont là des formes éphémères et caduques comme le sont les individus. Il fallait donc que ce fût quelque chose de plus tenace et de plus invulnérable. Le prisonnier songea à des générations de céréales, aux pâturages, aux hommes et aux oiseaux. La formule magique pouvait aussi figurer sur son propre visage; peut-être était-il lui- même sa propre fin. Ainsi rêvait-il lorsqu'il se souvint que le jaguar était un des attributs du dieu. Le dieu aurait donc confié son message au dessin moucheté du poil du jaguar en sorte qu'il fût préservé et perpétué et que les hommes pussent le recevoir à la fin des temps. Des années durant, à raison de quelques secondes par jour, le prisonnier observa ainsi l'ordre et la configuration des taches noires ou ocellées qui ornaient le pelage: peut-être n'exprimaient-elles qu'un seul et même mot, qu'un seul et même son; peut-être annonçaient-elles toutes le même message. Mais de quel genre de message pouvait-il s'agir? Quel genre de sentence un esprit absolu peut-il concevoir? La parole du dieu devait être capable d'énoncer immédiatement tout ce qui a été, ce qui est et ce qui sera à l’infini: elle devait être non pas implicite mais explicite, et dire la plénitude en surpassant tous les langages et tous ces simulacres que sont, dans chaque langue, les mots tout, monde et univers. 
Je ne raconterai pas ici l'épilogue de la nouvelle de Borges dans ses moindres détails, mais me contenterai de donner quelque indice à ceux qui jusque-là l'ignoraient. Le prisonnier en question ne déchiffra pas exactement le message mais eut une révélation: il vit un symbole total, absolu, qui lui permit de comprendre à l'infini toutes les causes et tous les effets. Un symbole qui était en même temps une formule qu'il eût suffi, pour être omniprésent, de prononcer — si tant est toutefois qu'il n'eût point été vain de la prononcer. Car celui qui la sait n'a évidemment plus besoin de savoir. Celui qui a lu et compris le mystère des taches du jaguar n'a plus besoin ni d'agir ni de se souvenir, plus rien ne lui importe, il n'est plus personne, il a rejoint l'absolu. 
Qu'on s'arrête donc à présent et qu'on considère sur les flancs d'un poisson le dessin des écailles, qu'on regarde le réseau d'ondes qu'elles forment, l'exact camaïeu qu'elles reproduisent infiniment; qu'on lise la formule du dieu que perpétuent sur le cartilage les couleurs, le strict emplacement des nageoires, de la bouche, des branchies ou de l'œil, et, sur les côtés de la tête, l'entaille insolite et parfaitement courbe des ouïes. 

Lucien d'Azay

 

Le poisson m'a toujours séduit soit par sa forme, soit par ses couleurs. Quoi de plus harmonieux qu'un thon, par exemple, longue fusée vivante, un seul muscle pour ainsi dire, que guide une conscience sans faille, ou encore qu'un requin, torpille animée? Bien qu'issu du monde aquatique, l'homme en général ignore celui-ci et sa faune, comme il ignore celle des rivières. Cette ignorance a en soi quelque chose de troublant, de plus profond que l'ignorance du nombre des écailles: les poissons sont les méconnus de la Création et l'oeuvre du peintre est bien une re-création. C'est pour souligner à la fois la liberté et la nécessité de son opération que Serge d'Urach a reproduit les poissons eux-mêmes, non comme des créatures accompagnant, par exemple dans un panier d'osier, d'autres victuailles.  Cependant il me semble être allé plus loin — sa re-création est destinée à devenir ce qui s'appelle au propre une restitution, car le monde aquatique est, semble-t-il, voué à la disparition. On en a une image saisissante dans les écrits de Bernardin de Saint-Pierre, l'ami et le confident de Jean - Jacques Rousseau. Voyant le monde humain sous-alimenté, il regardait vers la mer affirmant, par exemple, qu'encore au XVème siècle, il fallait pour franchir dans le Nord de grands détroits, ouvrir dans le sang les poissons, un chemin à force coups d'épée. Ce monde a disparu et les mers se sont désertifiées. On peut imaginer un jour un monde sans poissons, si ce n'est dans les aquariums ou les lithographies. Le peintre deviendra ce qu'il est déjà ici: un comptable de la vie. Comme on le remarquera sur ces planches, Serge d'Urach s'est plié à cette orientation, allant jusqu'au plus intime détail et obéissant aux lois du naturalisme le plus décidé. On pourrait aussi parler de réalisme, mais cela serait plus flou. Ce qui lui a grandement facilité la tâche fut son amour de toujours pour la nature et ses productions et on pourrait lui appliquer sans faillir ce que Kant dit de la nature et du génie dans les §§44-45 de la Critique de la faculté de juger.
La vocation universelle de tout peintre ou graveur est toujours de conférer à ce qui se passe, comme passe, par exemple, un sentiment, une éternité de sens, que cela soit réussi ou non, importe peu. Cependant un élan tragique traverse cette vocation: « Voyez dans ce poisson qui vit encore dans les mers et les rivières, une créature vouée au néant ». La re-création est répétition de l'être de la présence (Gegenwart des Daseyns) et possède à ce titre une dimension métaphysique. N'est pas peintre ou graveur qui veut; cela suppose non seulement des dons, mais un long travail dicté par une patience souveraine: comptez les dents d'un poisson. Vous n'y arriverez pas; par exemple vous oublierez une dent mais Serge y réussit. Il a donc l’éminent privilège d'appartenir au collège des gardiens du monde. 
Mais pour revenir au commencement: quel poisson aimerais-je être? C'est la question que me pose le travail de Serge. Tout compte fait bien qu'aimant les poissons fusées, si j'ose m'exprimer ainsi, c'est un orque que j'aimerai être. Mais on m'objectera deux choses, bien que vivant dans l'onde marine d'une part, les orques - c'est à peu près démontré - communiquent entre eux et, d'autre part - ceci est démontré selon certains savants - possèdent l'idée abstraite de la mort; il s'ensuit que selon un aveu général, l'orque serait tout autre chose qu'un poisson: un être intelligent qui aurait refusé de prendre pied sur terre, là où tant de sang, de larmes, de douleurs et de tristesses ont été répandues. 

Alexis Philonenko Paris, septembre 1997

 

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